让-路易 加尔内尔:《杂乱,1987-1988》


摄影评论界有多种原因不喜欢杂乱的画面。这种强烈反对物件混杂的事实在那些用线性方式思考所有问题的国家尤为突出。自1930年起,人们开始偏好线条、斜 线、几何。数学视角成为必要。而对一些看清世界真正建筑建构的人,能发现有多少错误的描述,都被说成是“文学的”。我们制造了“枯燥”、“详图”、”教 条”;却不富足、没有感受,特别是没有“趣闻”。然而,在现代,人们还没有跨过房子的门槛,这意味者我们对商品、分类和规则的依赖。秩序诞生于对自然情 感,顺其自然和慵懒安逸的抗争。人们被自己的味道所占据,因味道被过多地设计了。人们趋向于让自己相信,每样东西都在一个组合里找到了位置,这个位置在绘 画中是令人羡慕的。非常不幸的是评论界偏爱生活中的艺术,阐释情感的构思。让-路易·加奈勒的《杂乱》,并不描述什么,只 是在观察,并且自娱自乐于对本体论的拒绝。并且,如果有时候人加入这种混乱中,社会学不是事情的症结。和谐,曾经是物件的生命,装饰品与布置场所的组织者 失去关联。物件既不丑陋,也不美丽,顽皮快乐地拒绝习惯所赋予它们的位置。只剩下一个大杂烩,类似某种“米卡多挑棍游戏”。我们这些观众,应该去搬动和翻 转,以找回痕迹、味道和封存的记忆。


Jean-Louis Garnell - Désordres 1987-1988


Les raisons pour lesquelles la critique photographique n’apprécie pas le désordre sont diverses. Cette grande conspiration contre l’évidence de la confusion des objets est particulièrement sensible dans les pays qui ont fait de la raison l’horizon de toute pensée. Depuis les années 1930, on privilégie la ligne, les obliques, la géométrie. C’est un regard mathématique qui s’est imposé. Et pour quelques uns qui ont su entrevoir une architecture véritable du monde, combien de descriptions fausses, à tout dire, littéraires . On a fait de la sécheresse, de  l’épure , un dogme ; pas d’abondance, pas de sensation et surtout pas  d’anecdote . Or, à l’ère du moderne, on n’a pas encore franchi le seuil de quelque appartement, que déjà se signale notre inféodation à la marchandise, à la classification et à la discipline. L’ordre nait du combat contre le sentiment de la nature, du laisser-aller et du bien-être de la paresse. On est pris par l’odeur du propre, faites d’odeurs trop élaborées. On tente de nous faire croire que chaque chose a trouvé sa place dans une composition que la peinture envierait. Misère de la critique que de préférer l’art à la vie, l’idée aux sentiments. Les  désordres  de Jean-Louis Garnell, eux, ne décrivent rien. Ils constatent et s’amusent de ce refus ontologique. Et, si parfois, des personnages s’insèrent dans cette confusion, la sociologie n’est pas le noeud de l’affaire. L’harmonie, la vie historique des objets, la décoration se déconnectent de l’organisateur de ces arrangements. Les objets ne sont ni laids, ni beaux et prennent un malin plaisir à refuser la place qui leur est impartie habituellement. Il ne reste qu’un magma, un jeu de mikado, que, nous spectateurs, devons déplacer et retourner pour retrouver des traces, des odeurs et des souvenirs ensevelis.

© François Cheval       Septembre 2012

<