Les
divers états des souches photographiées disent très crûment, de façon
assez expressionniste, la relation violente qu'entretiennent les hommes
avec la nature. Ils coupent les arbres pour utiliser le bois, prévenir
un danger de chute dans les parcs et les rues, ou s'approprier l'espace
où ils s'étaient implantés et avaient vécu un grand nombre d'années.
Chacune de ces souches est saisie dans un temps spécifique de son
devenir, elle nous adresse son cri silencieux. Ici se dressait un
arbre, ci-gît la souche. Un sens métaphorique circonstanciel peut aussi
apparaître, nous sommes devenus souches en ce temps de pandémie, le
monde nous a été en partie enlevé, les autres, les ailleurs, et il nous
reste la base dans un ici bien circonscrit et limité dans laquelle il
nous faut survivre, et agir, et produire de nouvelles formes. Des êtres
sessiles qui doivent impérativement faire avec le proche s'ils veulent
continuer à vivre.