Nous vivons au printemps 2020 l'expérience inédite d'un confinement.
Une heure de sortie est autorisée chaque jour dans un rayon d'un
kilomètre, restent 23 heures dans l'appartement. Je regarde souvent par
la fenêtre les quelques passants isolés, les familles soigneusement
groupées lors de leurs sorties journalières, puis je commence à les
photographier. Plus tard me vient l'idée de faire une série de
photographies sur un temps donné, je me cale à la fenêtre, détermine
avec précision le cadre des prises de vues, et je photographie tout
passant, cycliste, groupe, un clic pour chacun. Avec ce matériau de
base je commence un montage. Je compose ainsi une scène qui n'a jamais
eu lieu. Je recrée un collectif qui a complètement disparu de nos vies
lors de ce confinement. Mais on peut ressentir dans l'image finale la
solitude des personnages, les autres n'existent pas, chacun reste dans
son monde. Une impression d'étrangeté nous saisit devant cette
chorégraphie si précisément agencée. L'arbre poursuit son développement
dans le cycle de saisons, indifférent à cette agitation des humains.